La nouvelle du confinement est tombée de manière brutale…parce que rien depuis le début n’est vraiment pensé, préparé, concerté.
Je laisserai à d’autres (bien meilleurs que moi) l’analyse de la crise, qui, je le crois, d’un point de vue universitaire, sous l’angle de la sociologie politique par exemple, sera riche d’enseignements, mais force est de constater que le lien entre les gouvernants et les gouvernés ne sort pas renforcé de cette longue période.
Jamais vous ne me trouverez à dire que c’est facile, qu’il n’y avait qu’à, qu’il faut que…
Au niveau qui est le nôtre, en tant que maire, et alors, élu de plain pied dans la vie de nos concitoyens, cela n’est déjà pas aisé…cela l’est même de moins en moins, alors, pensez donc lorsque vous atteignez des sommets jupitériens !
La décision prise par le Gouvernement de fermer les commerces « non essentiels » est une aberration…rien que le mot « non essentiel » relève d’un forme de mépris…surtout que les impôts que paient ces commerces « non essentiels », les taxes dont s’acquittent ces commerces « non essentiels » ne doivent pas être « non essentiels » dans les caisses de l’Etat ou des collectivités territoriales…
Le Premier ministre, dans son discours « inaugural » le 15 juillet 2020 a cité pas moins de 25 fois le beau mot de « territoire » dont 7 fois dans son introduction…presque plus que moi qui dis Pont-Sainte-Maxence en début et fin de chacune de mes phrases…
Hélas, 25 fois hélas même, cela semble une incantation car les territoires semblent en réalité bien oubliés…
C’est donc aux maires, ceux-là mêmes qui ont sauvé le « trône » d’Emmanuel MACRON lors de la tempête des Gilets jaunes en se réappropriant la fameuse fonction tribunicienne afin qu’il renoue le lien qu’il avait déchiré avec le peuple de France, qu’il revient de défendre leurs territoires…
Par conséquent, à la suite d’autres, j’entends prendre un arrêté qui vise à permettre à nos commerces de proximité de réouvrir car il en va non pas d’un souffle de révolte mais d’un vent de justice.
Je ne crois pas qu’il soit plus dangereux de me rendre dans une librairie, celle de Marie-Odile MONTIER de Librairie 2000 (qui n’est donc pas essentiel) pour acheter un livre que dans le rayon consacré aux livres d’une grande surface.
Je ne crois pas qu’il soit plus dangereux de me rendre chez Carole de Brillance coiffure (qui n’est donc pas essentiel) qui n’a pas le droit d’ouvrir que chez un autre commerçant qui a le droit d’ouvrir, et il n’y a même pas de comparaison possible avec un hypermarché.
Les exemples sont pléthoriques qui démontrent l’injustice et l’absurdité de la mesure prise de manière « hors sol »…et je ne le crois pas parce que chez nos commerçants, les gestes barrières sont mieux mis en oeuvre, je ne le crois pas parce que chez nos commerçants, les flux sont moindres.
Et ce n’est même pas moi qui le dis, c’est le professeur Arnaud FONTANET, médecin épidémiologiste et chercheur français, spécialiste en épidémiologie des maladies infectieuses et tropicales à l’institut Pasteur dans le Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro qui déclare (et je le cite mot pour mot : voir à la 58ème min et 40ème sec de son interview : https://www.rtl.fr/actu/bien-etre/confinement-une-baisse-de-65-a-80-des-infections-esperee-dans-un-mois-selon-fontanet-7800915067) : « Tout est une histoire de flux, de clients qui viennent, parce que c’est là que se font les rencontres et les risques, les commerçants qui organisent la sécurité dans leur magasin, ne posent pas de risques, c’est le flux des personnes qui y vont qui posent un risque, il faut qu’on joue le collectif, si tous on joue le jeu, pas simplement les commerçants mais les clients qui viennent les voir, pour être prudents, on y arrivera »…
Moi, sans être rebelle ou démagogue, et sans avoir besoin d’être menacé du tribunal administratif, je me sens plus en sécurité dans un magasin où je dispose de mètres carrés suffisants autour de moi, je me sens plus en sécurité dans un magasin où celui qui est rentré avant moi et celui qui rentrera après moi, s’est lavé les mains à la lotion hydroalcoolique (ce que j’aurai fait moi-même), parce qu’aussi le commerçant lui aura rappelé tout le respect des mesures de précaution que dans une grande surface avec le flux décrit par le professeur Arnaud MONTANET (il passe plus de personnes dans un seul rayon que dans tous les commerces de proximité réunis) et la proximité de celui qui me colle dans la queue de la caisse en espérant presque pouvoir passer dessus moi.
C’est précisément cette adaptation que je souhaiterais écrire dans l’arrêté que je prendrais en concertation avec les commerçants, y compris si cela devait être conditionné à une mesure plus stricte que serait la prise de rendez-vous.
Je recevrai donc une délégation de commerçants de Pont-Sainte-Maxence pour faire le point avec elle sur les annonces attendues du Premier ministre et leur expliquer aussi les conséquences de mon arrêté.
Enfin, en tant que président de la communauté des communes des Pays d’Oise et d’Halatte, j’ai demandé à François MORENC, vice-président en charge de l’Economie, de travailler, en lien avec nos services intercommunaux, à une aide financière pour les commerçants de tout notre territoire, une aide qui pourrait venir utilement compléter celle instaurée par Nadège LEFEBVRE, président du conseil départemental.
Nous avons ce mois pour l’élaborer et la voter, c’est court en termes administratifs, c’est long pour celui qui souffre, pour stabiliser cette aide et la soumettre à l’assemblée qui se prononcera à la suite.
Il ne sera pas dit que nous ne mettrons pas tout en oeuvre pour sauver nos commerçants.
Il faut en effet avoir bien du courage, bien de la ténacité pour engager, souvent ses fonds propres, dans un commerce, quand on doit affronter de vastes centres commerciaux, des géants du commerce en ligne, ou encore le travail au noir, et que l’on doit en plus affronter tous les tracas liés au droit fiscal, au droit du travail, à l’administration, etc.
Nos commerçants s’y consacrent sans retenue.
Ils travaillent sans jamais compter leurs heures, sans économiser leur énergie, comme un grand saut dans l’inconnue, prenant tous les risques, à la merci de la conjoncture économique, à la merci des crises sociales, jouant leurs propres responsabilités, gageant leurs biens, renonçant à leur vie personnelle et chaque jour, remettant vingt fois leur métier sur l’ouvrage avec l’incertitude du lendemain.
Mais pour connaître cela, pour comprendre cela, il faut être parmi eux, et non pas loin, loin, loin sous les ors de la République.